La boom-bap est un sous genre du rap qui me tient particulièrement à cœur.
Si le sous genre a permis au rap de s’imposer partout dans le monde (et nous verrons pourquoi dans cet article), il a aussi suscité beaucoup de débats en raison de sa méthode de fabrication, notamment l’utilisation massive de samples. Pour certains, sampler c’est et ça restera du vol.
Ce débat est aujourd’hui obsolete, la majorité des gens ayant fini par comprendre que le sampling était un véritable processus de composition exigeant une bonne dose de créativité, ainsi qu’une capacité à poser des choix pertinent. Pour s’en rendre compte, il suffit de tendre l’oreille sur certains des plus gros hits de la boom-bap. On s’apercoit rapidement que parfois, les extraits sonores utilisé ont été retravaillé avec une bonne dose de génie. C’est passionnant de voir que quelques secondes d’un vieux morceau tombé dans l’oubli, peuvent finalement retrouver une seconde vie en étant transformé en beat boom-bap.
Il est également important de noter que ce procédé de fabrication s’est en fait imposé de lui même pour une raison purement matérielle. Le HipHop est né dans les quartiers défavorisés New-Yorkais, la ou il fallait se débrouiller pour construire avec rien. Et le génie nait souvent de la débrouillardise et des contraintes.
Il est donc imprégné, à meme titre que d’autres disciplines du Hip-Hop comme le graffiti ou le rap, d’une forme de vandalisme/violence. La Boom-bap se construit en effet sur des extraits sonores parfois utilisés sans autorisation des ayants droits, quand le graffiti s’impose à la vue de tous sur des surfaces pas prévue à cet effet.
Quand au rap, son coté franc parlé et direct viendra connecté directement le subconscient de l’auditeur, sans sa permission, c’est un cambriolage de l’esprit.
La culture urbaine est imprégné de violence. Elle joue avec, elle la met en forme, elle s’en nourrit.
La technique, ça n’est pas le problème
La complexité du boom-bap ne réside pas tant dans l’aspect technique. Presque n’importe qui sera capable de découper une boucle, d’y ajouter un rythme et une ligne de basse. La difficulté réside plutôt dans la recherche d’une boucle VRAIMENT efficace. Mais qu’entends-je par « efficace » ?
On parle d’une boucle capable de se répéter pendant plusieurs minutes sans lasser l’auditeur. Une boucle qui saura s’impreigner durablement dans les esprits.
Parvenir à trouver/construire ce type de boucle demande de l’expérience.
Quand on débute, on a souvent tendance à choisir des boucles qui ne sont pas très efficaces. Parfois, elles racontent trop, parfois pas assez, parfois elles véhiculent quelque chose de finalement pas très intéressant, etc. C’est tout un processus.
Parfois, c’est en samplant des choses improbables ou en utilisant des techniques de sampling particulières (voir destructive) que l’on obtient des résultats vraiment intéressants.
Si je pouvais vous donner un conseil, ce serait d’utiliser une acapella, bien synchronisée, pendant que vous construisez votre production. Cela vous permettra d’avoir un aperçu en temps réel et de mieux évaluer l’efficacité de la boucle que vous êtes en train de créer.
Il faudra évidemment construire par dessus un rythme et une ligne de basse éfficace, mais c’est un sujet que je n’aborderais pas dans cet article. J’ai d’autres articles qui en parlent sur ce site, n’hésitez pas.
L’interêt de faire de la BOOM-BAP pour un compositeur
Un truc vraiment simpa avec la boom-bap, c’est que de part son procédé de fabrication, elle impose de partir a la découverte d’autre genre musicaux. Qui veut faire de la boom-bap sera inévitablement obligé de partir a la découverte, de faire de l’archéologie sonore. Et cette exploration permettra fatalement d’enrichir votre culture musicale.
De plus, le fait de couper correctement une boucle, puis de la recaler dans les temps, déterminer sa gamme afin de composer autour d’elle, etc. est un excellent exercice pour travailler progressivement son oreille.
Le choix du sample est crucial. Il peut provenir de différents genres musicaux, tels que le jazz, le funk, la soul ou même la musique classique. Les producteurs de boom-bap recherchent souvent des samples vinyles pour obtenir cette sensation vintage et chaleureuse. Cependant, cela ne signifie pas que vous devez vous limiter à ces genres. Expérimentez avec différents types de samples pour créer des ambiances uniques.
Une fois que vous avez trouvé la boucle parfaite, il est temps de l’habiller avec des éléments additionnels. La batterie est un élément essentiel du boom-bap, avec des rythmes caractéristiques qui donnent une cadence entraînante. Vous pouvez également ajouter une basse groovy pour renforcer le côté percutant de la production.
Outre les éléments musicaux, l’utilisation de techniques de mixage appropriées est importante pour obtenir le son authentique du boom-bap. Jouez avec l’égalisation, la compression et l’effet de réverbération pour donner à votre production cet aspect lo-fi et vintage.
Créer sa propre boom-bap
Ce genre musicale peut litéralement se nourrir de tous les autres. Et c’est en partie pour cette raison qu’elle a permis au rap de s’imposer aupres de plein de publique différent. Il y’a une diverisité dans la boom-bap qu’on ne retrouve pas forcement dans la trap et la drill, qui sont un peu moins diversifié en terme d’ambiance.
Chaque compositeur peut proposer sa propre boom-bap, nourrie de sa culturelle musicale perso.
Faire de la boom-bap, c’est recycler, donner une seconde vie à ses kiffs perso, pour les proposer dans un format qui peut toucher le monde entier, et ça, c’est beau !
Voici un petit exemple avec une musique extraite du manga « Ken le survivant » qui se retrouve finalement samplée sur l’album « Mauvais Oeil » de Lunatic. Jugé par beaucoup (et a juste titre) comme un des plus gros classiques du Rap Français.
Pour progresser rapidement, je te propose